Communication et outils

Interview : Marine Nguyen Dinh, Responsable du pôle Média d’Artips

Une idée simple au départ : utiliser la puissance du storytelling pour proposer des anecdotes sur l’art, le rendre facile d’accès. Quelques années après sa création,  l’univers d’Artips a bien grandi, avec le même leitmotiv : raconter des histoires captivantes. Rencontre avec Marine Nguyen Dinh, responsable du pôle média.

« Une réponse aux frustrations »

Communicant.info : Pouvez-vous nous expliquer le concept et l’idée à l’origine de Artips ?
Marine Nguyen Dinh :
Artips est une jeune entreprise à l’ADN digital, créée par Coline et Jean. Lorsqu’ils se sont rencontrés en 2013, tous deux partageaient le même constat : la vie active laisse très peu de temps pour lire, se cultiver ou visiter des musées. De plus, l’art n’est pas toujours facile d’accès et nombreux sont ceux qui ne possèdent pas les clés de lecture nécessaires. C’est en réponse à ces frustrations et à ces freins qu’Artips est né : une newsletter envoyée par email, trois fois par semaine, qui raconte une anecdote originale et captivante sur une œuvre d’art, à lire en une minute. Avec l’ambition de permettre à n’importe qui, étudiant ou actif, féru d’art ou néophyte, d’apprécier une œuvre et de se cultiver par petites doses. Et 6 ans plus tard, en 2019, ce sont plus de 400 000 lecteurs qui reçoivent nos bulles en histoire de l’art !

C.I : Depuis sa création, Artips a bien évolué : depuis la newsletter jusqu’à une application en passant par un livre…
MND :
Oui, en effet ! Nous nous sommes très vite rendu compte que nous avions une offre différenciante et captivante pour nos lecteurs : nos formats courts, notre ton décalé et ludique, nos anecdotes fondées sur le storytelling… Avec ce savoir-faire, nous pouvions rendre la culture accessible au plus grand nombre sous différents angles décomplexants et mémorables. Et nous en avons profité pour décliner notre expertise sur plusieurs formats pour donner toujours plus envie d’apprendre !

« Des messages percutants et synthétiques »

Artips est désormais un vrai média. Pouvez-vous nous raconter ?
MND : La raison d’être d’Artips a toujours été de rendre la culture et les savoirs plus accessibles. Le but ultime était donc, dès le début, de trouver la manière optimale de véhiculer des messages au plus grand nombre, d’être le medium le plus efficace. Le succès d’un média repose sur deux choses : le format et le contenu, et nous sommes fiers d’avoir développé une recette magique qui associe les deux. Du côté du format, notre média se différencie par le support choisi et sa praticité : les newsletters sont accessibles sur tous les outils numériques (smartphones, tablettes, ordinateurs…), dans le métro, au bureau, entre deux cours ou dans une salle d’attente. En ce qui concerne le contenu, nous mettons un point d’honneur à faire passer des messages percutants et synthétiques sur un ton décalé et addictif. Nos lecteurs adorent nos anecdotes parce que ce sont des petites bulles de respiration culturelle qui s’intègrent dans leur quotidien.

C.I : La marque a aussi été décliné en d’autres newsletters. Pourquoi et comment les avez-vous créés ?
MND : Face au succès d’Artips, notre première newsletter, nous avons décidé de nous attaquer à d’autres pans de la culture générale : le champ des possibles étant infini, nous avons décidé d’interroger nos lecteurs pour savoir quels sujets ils souhaitaient découvrir après l’histoire de l’art. C’est d’abord la musique qui a été plébiscitée – c’est ainsi que nous avons lancé Musiktips en 2016 grâce à laquelle nous partageons des histoires insolites sur tous les genres musicaux, de la musique classique au rap. Puis les sciences et l’économie sont arrivées ex-aequo, après la musique. Nous avons choisi de lancer, dans un premier temps, Sciencetips parce que nous étions convaincus que nous avions un rôle à jouer, en tant que média grand public, face à l’explosion des fake news et la remise en question des vérités scientifiques, notamment environnementales. C’était aussi l’occasion de démocratiser une discipline parfois considérée comme plus froide ou plus technique. Enfin, avec le Brexit et la montée de la défiance envers les experts, il nous est apparu capital de nous atteler à la démocratisation des savoirs économiques.  En février 2019, nous avons donc lancé notre petite dernière : Economitips, qui aborde le monde complexe de l’économie de façon ludique et pédagogique.
Nous utilisons les mêmes ingrédients secrets sur nos quatre newsletters : le format court et le storytelling. Chacune d’entre elles répond à notre volonté de démocratiser les savoirs et d’offrir à nos lecteurs les clés de compréhension du monde dans lequel ils vivent. Artips est aujourd’hui le premier média culturel en ligne et nous envoyons nos newsletters à plus de 800 000 abonnés avec des taux d’ouverture de plus de 60%.

les déclinaisons de la marque Artips

« Les histoires aiguisent la curiosité »

C.I : Nous parlions récemment de la force du storytelling, qu’en pensez-vous et comment pensez-vous vos anecdotes ?
L’expérience narrative est quotidienne : notre monde est un entrelacement de milliards de récits. Le cerveau humain est câblé pour les histoires (après tout, tous les grands textes mythologiques et religieux sont des sources formidables d’histoires toutes palpitantes !) et c’est pour cette raison que le storytelling est si efficace. Notre temps d’attention est de plus en plus court et une simple énumération d’informations ne capte pas l’intérêt. Pour véhiculer des messages, il faut raconter des histoires. Elles aiguisent la curiosité, stimulent le cerveau et la mémoire et permettent à des connaissances disparates d’être organisées de façon claire et logique.
C’est la raison pour laquelle, chez Artips, tout s’articule autour d’anecdotes fortes et émouvantes, afin de maximiser l’intérêt, l’engagement et la rétention des connaissances. Nous sommes convaincus que les histoires créent du sens et facilitent l’ancrage mémoriel, quelque soit son niveau d’études, son âge, ses intérêts…

C.I : Comment utilisez-vous ce storytelling sur les réseaux sociaux ?
Nous utilisons bien évidemment les réseaux sociaux pour communiquer avec nos lecteurs, relayer les actualités d’Artips et créer une communauté qui dépasse aujourd’hui les 1 million de followers. La place du storytelling sur les réseaux sociaux est très intéressante. Ce sont des espaces privilégiés d’échanges d’histoires, surtout avec la nouveauté des stories. Les utilisateurs peuvent partager leur histoire personnelle, collective, réagir et s’engager d’une façon complétement nouvelle.

Marine Nguyen Dinh, Responsable du pôle Média d’Artips
Marine Nguyen Dinh, Responsable du pôle Média d’Artips

« Les potentialités sont infinies ! »

C.I : Vous travaillez régulièrement avec des structures culturelles, que pensez-vous leur apportez ?
Les offres de ces structures sont multiples mais il est parfois difficile pour elles de communiquer efficacement et de les partager au plus grand nombre. Certains univers culturels apparaissent d’ailleurs comme poussiéreux, notamment pour les nouvelles générations. Ce que nous proposons c’est d’oser une nouvelle façon de communiquer et de se différencier. A travers nos newsletters sponsorisées, les structures culturelles partenaires peuvent faire passer des informations à des centaines de milliers de personnes qui ne font pas nécessairement partie de leur univers. Nous leur apportons non seulement de la visibilité et du trafic vers leurs interfaces mais nous leur permettons aussi de construire une nouvelle relation avec le public.
Aujourd’hui, plus de 250 acteurs du monde de l’art, de la musique, des sciences, de l’économie, du tourisme, de l’éducation… nous soutiennent et sont partenaires sur nos newsletters. Parmi eux : le musée du quai Branly, le CNRS, l’Inserm, la Philharmonie de Paris, l’Insee, la Cour des comptes…

C.I : Vous collaborez aussi avec des institutions et des entreprises au travers d’une plateforme de microlearning. Qu’est que le microlearning et qu’est-ce que la culture générale peut apporter à une entreprise ?
Face au succès de nos quatre newsletters et à la demande de nombreuses entreprises et institutions, nous avons capitalisé sur notre expertise en format court et en storytelling pour créer Mes Antisèches, la première plateforme micro-learning de culture générale. Le micro-learning est une innovation pédagogique qui s’appuie sur des capsules de connaissance courtes et disponibles n’importe où, à tout moment, pour une meilleure concentration et une meilleure mémorisation. Autrement dit, c’est une solution accessible et efficace pour améliorer ses connaissances. De vraies bulles de culture générale en poche !
La plateforme Mes Antisèches a beaucoup de succès dans les entreprises car elle propose un très large choix de sujets. Du jazz à l’œnologie, en passant par la sociologie et la culture japonaise, tout le monde y trouve son compte. De plus, la culture générale est de plus en plus importante dans les bureaux. Elle permet de développer ses soft skills, d’être mieux armé et plus en confiance face à toutes sortes d’interlocuteurs. C’est aussi un vrai levier d’innovation et de créativité puisqu’elle offre des références et des points de repère. Et puis c’est une façon de réenchanter le travail, de casser la routine et de se sentir davantage valorisé et considéré en tant qu’individu.
Nous avons petit à petit développé une véritable expertise en micro-learning et une nouvelle activité a été créée : Artips Factory. Nous co-créons des parcours de micro-learning adaptés aux enjeux des entreprises et institutions culturelles et gouvernementales. Nous travaillons avec elles sur de multiples sujets d’histoire d’entreprise (Saint-Gobain), de valorisation de territoires (Régions Bourgogne-Franche-Comté et PACA), de transformation (SNCF), savoirs et produits complexes (BNP Paribas, Andra, Ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur), savoir-être (Wavestone), recrutement (CEA), culture et patrimoine (Musée de l’Armée) … Tout comme sur la culture générale, les potentialités sont infinies !

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…

Commentaires (1)

  1. […] 4 juin 2020, Artips organisait un webinaire intitulé « Musées in situ et numériques : quelles recettes pour […]

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