Un bus pour amener les publics au musée. C’est l’idée du Musée des Civilisation de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM). Mise en place en mai 2021, cette opération est consiste à acheminer gratuitement les publics éloignés géographiquement (les 4 quartiers prioritaires de la ville de Marseille) vers le musée. Ils sont accompagnés, lors du trajet et à leur arrivée au musée, par des médiateurs. Cécile Dumoulin, Responsable du département du développement culturel et des publics, a accepté de répondre à nos questions.
« Permettre une meilleure appropriation du musée »
Communicant.info : Le MUCEM a mis en place en 2021 l’opération « Destination MUCEM », pouvez-vous nous expliquer en quelques mots en quoi elle consiste ?
Cécile Dumoulin : Destination Mucem est un dispositif de bus qui permet de rallier le Mucem, chaque dimanche, depuis les quartiers prioritaires de la Ville ; 22 arrêts sont desservis selon 4 itinéraires différents qui circulent alternativement, à raison de deux rotations par dimanche. Les publics de ces quartiers peuvent emprunter le bus et visiter le musée gratuitement, une médiation leur est proposée à bord du bus et au Mucem.
C.I : Quel était l’objectif de ce dispositif et comment il s’intègre dans votre stratégie générale de relation avec les publics ?
CD : L’objectif de Destination Mucem est bien évidemment de rendre le musée plus accessible aux publics qui en sont éloignés, dans une ville marquée par une grande précarité économique et sociale mais aussi par de grandes difficultés de mobilité, les transports en commun desservant peu et mal les quartiers prioritaires, notamment le dimanche. L’idée de Destination Mucem nous est venue après 7 ans d’expériences de projets vers ces quartiers, des opérations hors les murs, des projets participatifs, qui tous se sont heurtés à cette problématique d’accessibilité physique, qui va de pair avec des blocages de « déplacement mental » ; la plupart de ces personnes ont du mal à se représenter comme des publics de musée… Destination Mucem constitue un lien dont on espère qu’il va devenir familier et permettre une meilleure appropriation du musée.
« Découvrir le musée à leur rythme, selon leur préférence et en autonomie »
C.I : Il ne s’agit pas seulement d’un « transport » vers le MUCEM mais d’accompagner des publics qui sont peu ou pas habitués à visiter des musées. Comment mettez-vous en place la médiation auprès de ces populations ?
CD : La médiation nous a en effet semblé indispensable tout au long du processus ; en amont de la visite d’abord, via nos volontaires du service civique, qui rencontrent les associations, les centres sociaux, les commerçants, les écoles de chaque quartier pour qu’un visage soit mis sur le musée et pour donner l’envie de venir. Puis à bord du bus, où des guides accompagnent le voyage par l’intermédiaire de petits jeux destinés aux enfants mais aussi aux adultes, en s’appuyant à la fois sur le paysage urbain que les voyageurs découvrent au fil du voyage et sur la préparation de la visite du musée (expositions mais aussi bâtiments). Enfin dans le musée, l’ensemble des médiateurs déployés dans le site sont formés et disponibles pour accompagner les publics de Destination Mucem s’ils le souhaitent ; il ne s’agit pas de visites guidées mais d’aides et propositions ponctuelles qui permettent aux familles de découvrir le musée à leur rythme, selon leur préférence et en autonomie.
C.I : Comment avez-vous fait pour faire connaître cette proposition à ces populations qui, pour la plupart, n’avaient jamais passé votre porte ?
CD : C’est sans doute le plus difficile… Les relais sociaux et éducatifs nous ont épaulés, mais pour toucher réellement l’ensemble des populations, il faut aller plus loin ; d’autres relais ont été identifiés (les commerçants, les bailleurs sociaux, les radios associatives…) et des vidéos ont été réalisées par Brut et l’école Kourtrajmé pour être diffusées sur les réseaux sociaux. Il reste encore beaucoup à faire pour faire connaître Destination Mucem à tous les bénéficiaires potentiels.