Festivals, artistes, groupes… Jeremy Spellanzon, attaché de presse, met son expérience et son sens du relationnel au service de projets musicaux qui lui tiennent à coeur… Il a travaillé avec des groupes et des festivals français et internationaux tels que The Lumineers, Aurora, Cocorosie, Montreal Jazz Festival, The Franklin Electric, The Barr… Il nous parle de son métier dans un portrait de communicant plein de franchise, d’humour et de bonne humeur !
« S’armer de patience et d’humour »
Jeremy Spellanzon : Hello ! J’ai un BTS communication et une licence professionnelle en administration des entreprises culturelles en poche. Ce qui m’a permis de faire un stage génial à La Maroquinerie en 2007. À partir de là je suis entré dans le réseau musical parisien : j’ai travaillé 3 ans chez Madamelune : une chouette boîte de productions / programmation très qualitative et atypique dirigée par Sonia Bester. J’y étais très polyvalent (production / administration / RP). Une super expérience qui m’a ensuite donné envie de voler de mes propres ailes pour aller vers ce qui me plaisait le plus : la musique pop (sourire). Je suis attaché de presse indépendant depuis environ 5 ans maintenant.
C.I : Vous êtes au service de nombreux projets musicaux : comment vous organisez vous ? à quoi ressemble une de vos journées ?
JS : J’essaye d’alterner festivals et sorties d’albums en choisissant mes projets à l’instinct et au coup de coeur. Généralement les choses s’imbriquent vraiment pile poil, avec des grosses périodes de rush ou tout se concentre comme en avril par exemple ou il y a une très grosse activité musicale de sorties et aussi de festival, avec notamment, le Printemps de Bourges. Dans ces périodes là il faut s’armer de patience et d’endurance car les médias sont de plus en plus sollicités et ont de moins en moins de place pour la culture, du coup les stratégies s’étendent sur la longueur.
Mais une journée classique commence par un bon petit déj vitaminé, un café à emporter pour « booster » la journée et enchaîner les mails, textos, messages, appels, rendez-vous « promo » et professionnels, concerts, réseaux sociaux …
« je reste très lié au contact humain »
C.I : Comment voyez-vous l’évolution des RP (avec le digital notamment) ? Les avantages et inconvénients pour les artistes ?
JS : Depuis Odile de Ray (La Cité de la Peur NDR) les choses ont beaucoup changé (rires) ! Aujourd’hui le digital, le web sont hyper importants, surtout pour lancer un projet… On a encore beaucoup de choses à explorer dans ce domaine, notamment avec les playlists, les youtubeurs.. J’en apprends tous les jours (sourire) ! J’avoue que je reste très lié au contact humain. J’aime beaucoup échanger avec les gens, les rencontrer pour créer du lien autour de goûts commun, c’est à cela que sert la musique (rires) ! L’avantage de tout ça est qu’il y a beaucoup de choses sur le web pour les artistes. La difficulté, par contre, est qu’il y a de moins en moins de place dans les médias traditionnels. On trouve beaucoup d’artistes, car on peut les decouvrir facilement sur internet… Mais de moins en moins de places « côté culture » dans les médias et surtout en playlist radio . Pas facile de sortir du lot !! Les labels sont aussi très exigeants aujourd’hui avant de signer un artiste. Souvent celui-ci doit s’autofinancer pour pouvoir présenter un projet quasi fini… Ce qui entraîne aussi parfois un écrémage plus par les moyens financiers et les connexions (de l’artiste NDR), plus que par la créativité.
Mais bon je reste persuadé que les personnes qui ont un vrai talent artistique accéderont à la reconnaissance un jour ou l’autre. Au fur et à mesure de mes rencontres avec les artistes, je réalise ce que les mecs / meufs talentueux ont tous en commun : créativité, détermination, indépendance d’esprit et endurance… Je reste persuadé que ces qualités finissent par payer un jour ou l’autre (rires).
C.I : Dénicher de nouveaux influenceurs, est-ce si simple que cela ?
JS : Pas forcément. Mais quand on est dans un rythme où s’alterne concerts, festivals, journées « promos », on rencontre plein de gens et à chaque fois des contacts différents. Au fil des années on se connaît aussi mieux avec les journalistes et on comprends mieux qui aime quoi… On crée des liens vraiment sympa, une relation d’échange. Tout n’est pas tout rose bien sûr : il y a des « relous megalos » pas sympa (sic) comme partout (rires) ! Mais en tout cas moi cela m’a permis de faire des superbes rencontres, aussi bien professionnelles que personnelles.
C.I : Et comme d’habitude, nous finissons par les questions (très) indiscrètes :
– Quel est le réseau social dont vous ne pouvez pas vous passer ?
J’aime beaucoup Instagram et je deviens de plus en plus fan de Snapchat ! Ces selfies sont tellement cons (rires) !
– Quelle est la discipline artistique ultime pour vous ? (celle qui surpasse les autres ?)
Deux choses me touchent beaucoup, la voix et l’écriture. Mais, franchement, je suis curieux de toutes les disciplines et le hasard, le destin, souvent dans des moments de recherche, nous mettent face à une œuvre qui nous touche particulièrement… Car liée d’une certaine façon à nos émotions, notre inconscient, ça peut être une voix, un texte mais aussi une peinture, un film peut importe… Du coup pour moi il n’y a pas de discipline supérieure.
– Quelle est votre meilleure expérience culturelle / artistique ?
J’ai de la chance de vivre pas mal d’expériences culturelles par mon métier. Du coup, c’est dur de m’arrêter sur une en particulier, mais, là spontanément je dirais, en vrac : un concert de Bon Iver dans un Magic Mirror au Great Escape à Brighton où tout le monde a repris en coeur The Wolves, l’exposition Beauté Morale et Volupté a l’époque d’Oscar Wilde à Orsay qui m’a fasciné, mon premier Midi festival avec Caribou, un soir d’été au milieu des pins de la villa de Noailles, Arcade Fire sous la pluie à Rock En Seine, un concert de Glass Candy à la Cigale au milieu de la fosse transpirante, les Strokes, Patti Smith à Saint Eustache, une soirée de lancement en plein air du festival de Jazz de Montreal l’été, les Strokes et Archive et dans le Miles Davis à Montreux, un DJ-set hip-hop dans un squat à Montréal par Will Butler (du groupe canadien Arcade Fire, NDR), La Fura Del Baus dans un festival à Maubeuge …
– Quels sont vos 5 lieux culturels favoris ?
– La Maroquinerie qui reste ma maison de coeur parisienne,
– Le Métropolis à Montréal, tellement de bons souvenirs là bas,
– Le Centre Culturel Suédois ou j’adore decouvrir des expos, boire des bons cafés, bouquiner dans la bibliothèque en plein air l’été…
– Le Musée d’Orsay qui me fascine à chaque fois
– Le Mk2 Bibliothèque qui me semble être un monde parallèle d’adultescents planqué dans un autre Paris
– Qui est votre artiste préféré(e) ?
Côté musique j’aurais vraiment du mal à définir mon artiste préféré car je suis plus l’homme d’une chanson que d’un album.
C’est sûrement lié à ma révélation pop music vers 15 ans, dans la médiathèque de mon petit village des Alpes que je squattais pendant des heures le mercredi, où miraculeusement un dandy parisien perdu a échoué, suite au départ en retraite de la vielle bibliothécaire. Il a remplit le bac à disques de BO de Greg Araki, Dany Boyle… scandale !!) (rires)… Qui m’ont fait plonger dans la Brit pop et m’ont poussé à rechercher l’histoire de la pop et à l’explorer dans tous les sens (sourire)
Côté littérature je suis un gros fan de la Beat Generation : Kerouac and Co, du dandysme en général et donc d’Oscar Wilde et récemment je suis devenu un gros geek de Proust (sic). La liberté de ces écrivains, leur avant gardisme sont des inspirations au quotidien. Bon sinon, il y a Léo mais ça c’est mon cote midinette…