Développement et stratégie

Portrait de communicante : Marielle Rossignol, chargée de communication (iIllusion & macadam)

Illusion et macadam accompagne, depuis plus de 15 ans, des acteurs culturels dans leur structuration. Nous avons rencontré Marielle Rossignol qui en est la chargée de communication. Elle nous livre ses explications, ses coups de coeur… Cette coach en crowdfunding nous propose aussi quelques conseils !

« Le modèle coopératif : un modèle adapté à l’utilité sociale de notre projet »

– communicant.info : Bonjour Marielle ! Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

MR : Je suis chargée de communication au sein d’illusion & macadam depuis janvier 2010. Ca fait donc maintenant 7 ans. C’est mon premier poste. Avant d’être embauchée dans cette coopérative, j’ai obtenu une licence III et un Master I à l’IUP “Métiers des arts et de la culture” à Nîmes. Avant cela, j’ai obtenu une licence III en Lettres modernes à Perpignan. Et encore avant, j’ai fait mes études dans un lycée test en Histoire de l’Art.

CI : Vous exercez votre métier de communicante à illusion et macadam, à Montpellier, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

MR : illusion & macadam est une coopérative qui accompagne, depuis plus de 15 ans, la structuration du secteur culturel. Nous proposons des services en paie, comptabilité, conseil… Nous avons un accélérateur de projets, un centre de formations professionnelles, deux bureaux de production, un bureau technique, un festival (le festival Tropisme)… et bientôt un tiers-lieu ! Notre finalité ? Accompagner les acteurs du secteur culturel dans un monde en transition.

CI : Illusion et macadam est basé sur un modèle coopératif, comment cela fonctionne-t-il ? Quels en sont les avantages ?

MR : Historiquement, illusion & macadam est une association loi de 1901. Nous avons créé, en 2011, une SCIC SARL (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) parce que nous nous reconnaissions dans le modèle coopératif et parce qu’il était adapté à l’utilité sociale de notre projet.

Pour faire simple, une SCIC est une société, qui reverse ses bénéfices aux projets qu’elle développe. Elle peut associer à son projet toutes ses parties prenantes, sur le principe décisionnel suivant : 1 personne = 1 voix.

illusion & macadam a quand même conservé son association qui porte une partie des activités, la SCIC étant un peu la “maison mère” et portant, avec ses sociétaires, la gouvernance de tout le projet.

« Identifier les bons réseaux et bien diffuser l’information »

CI : Comment organiser la communication d’un projet très vaste, qui touche un territoire très étendu (Lyon, Montpellier et Toulouse) ?

MR : Ce n’est pas tant une question de territoire que d’étendue du projet. Les rapprochements que nous avons opérés avec l’association La Petite (Toulouse) et La Terre Est Ronde (Lyon) me permettent de m’appuyer sur des équipes déjà en place et très identifiées par les acteurs du territoire pour identifier les bons réseaux et bien diffuser l’information. Le festival Tropisme est un peu à part. J’interviens en soutien sur la partie rencontres professionnelles, mais nous avons une personne dédiée à la communication de cet événement.
Ce qui est fondamental dans un projet comme le nôtre, c’est la cohérence globale. Actuellement, nous sommes en pleine écriture/actualisation de la stratégie éditoriale du projet, autour de nos trois grands sujets d’expertise : l’innovation sociale, l’innovation technologique, l’innovation économique.
Dans mes missions de chargée de communication, sur un tel projet, je ne peux évidemment pas tout faire tout le temps. Alors je dois aussi développer des outils pour gagner du temps et pour que les équipes puissent gagner en autonomie. Par exemple, nous avons opéré cette année une refonte de notre charte graphique, qui est devenue plus maniable et me permet de créer toutes sortes de templates, sur toutes sortes de supports. Ainsi, les équipes peuvent sortir des documents propres, sur des outils qu’elles maîtrisent, ne sont plus aussi dépendantes de mes compétences en maquettage et gagnent en réactivité. L’année est ponctuée de “grands chantiers” (le catalogue de formations, le rapport d’activité annuel, la refonte et les phases d’amélioration du site Internet…). Dans ce cas là, je dois prioriser. Ce qui demande de bien communiquer avec les équipes et de savoir parfois mettre des chantiers en sommeil au profit d’autres.
Plus pragmatiquement, pour organiser collectivement notre travail, nous utilisons un outil nommé Azendoo. C’est un logiciel situé entre le réseau social (il fonctionne un peu comme Facebook) et la to-do list. Il nous permet de suivre à plusieurs l’avancée de tous les chantiers, échanger de l’info et casser un peu l’effet de distance.

« Votre projet est passionnant, il a une raison d’exister »

CI : Vous êtes aussi coach en crowdfunding, quels sont les 5 conseils que vous donneriez à vos lecteurs pour réussir leur campagne ?

MR : 1/ Se poser une question fondamentale : ai-je déjà une communauté autour de mon projet ? Si la réponse est non, vous pouvez remettre votre campagne à plus tard.
2/ Être transparent : sur ce que vous voulez financer, sur ce que vous allez acheter si vous dépassez votre objectif, sur les avancées de votre projet. Les donateurs partagent avec vous la prise de risque, en finançant votre projet souvent avant même qu’il existe. Mettez vous à leur place : aimeriez vous donner de l’argent sans savoir à quoi il va servir ?
3/ Ne pas s’attendre à ce que l’argent tombe du ciel : il ne suffit pas de mettre en ligne son projet sur une plateforme pour voir l’argent affluer. Quand cela arrive, c’est que les porteurs du projet ont une communauté d’enfer ! Animer une campagne de financement participatif pour le commun des mortels, ça demande l’engagement et un vrai plan de communication. Prenez le temps de la préparer, d’identifier vos cibles (acquises et à acquérir), vos canaux de communication, vos actions. Cela vous évitera de vous retrouver en panne d’inspiration au moment où vous aurez le plus besoin de relancer les dons.
4/ Être positif : votre projet est passionnant, il a une raison d’exister car il répond à un vrai besoin. Transpirez-le ! Montrez que vous y croyez, que votre communauté peut le faire exister et surtout… évitez de mendier !
5/ Ne pas oublier vos donateurs : ça paraît bête, mais ça arrive ! Vous êtes dans le feu de l’action, votre projet avance, vous avez peu de temps, vous êtes déjà passé à autre chose… Vous avez bien bossé, réussi votre campagne, augmenté votre communauté. Dommage d’avoir fait tout ça pour rien ! Alors envoyez vos contreparties. Et même mieux ! Continuez à donner des nouvelles : en envoyant une newsletter mensuelle par exemple.

Marielle Rossignol, illusion et macadam
Crédit photo : Anne-Charlotte Eriau

CI : Et enfin les questions (un peu) indiscrètes !
– votre réseau social favori ? 
Instagram. J’anime les 3 comptes d’illusion & macadam (@bipolarprod / @illusionmacadam / @tropismefest), mes deux comptes perso (@mariellerossignol / @bibiintheworld) et celui d’une association tauromachique, en lien avec un travail de documentaire photographique que je mène depuis plusieurs années.

– la discipline artistique ultime pour vous ?
La photographie. C’est mon moyen d’expression le plus important avec la cuisine de saison. On peut tout travailler en photo : le fond et la forme. Et c’est un gros plus de pouvoir produire les visuels sur mesure pour la communication, dans mon métier.

– votre meilleure expérience culturelle ?
Impossible d’en choisir une comme la “meilleure”. J’ai plutôt envie de partager une des dernières en date. J’ai passé un de mes weekends de juillet à faire des photos au très chouette Argelliers Jazz Estival, qui mérite vraiment d’être connu, tant son ambiance est douce, et sa programmation musicale de qualité. Le tout porté par la mairie du village et totalement gratuit !

– vos cinq lieux culturels favoris (à Lyon, Montpellier, Toulouse ou ailleurs !) ?
Mon amour pour le cinéma, c’est au cinéma Le Sémaphore (Nîmes) que je le dois. Je le fréquentais 1 à 2 fois par semaine quand j’y étais étudiante. Pour moi, c’est un modèle que doivent suivre les cinémas d’Art & Essai. Aujourd’hui, ce sont les fauteuils du cinéma Diagonal de Montpellier que j’use, pour sa programmation variée et son amplitude horaires large.
Sur Montpellier, je citerais Humain trop humain pour la programmation audacieuse et contemporaine de Rodrigo Garcia, et le Théâtre de la Vignette, qui réussit le pari de faire se déplacer les professionnels de la culture à l’université Paul Valéry. Avoir un tel équipement culturel au cœur d’un campus universitaire est une vraie chance.
Et sinon, j’ai une histoire particulière avec El Mediator à Perpignan, où j’ai fait une quantité incroyable de découvertes musicales pendant mes années fac et avec la Casa Musicale, un lieu de cultures populaires incroyable en plein centre de Perpignan, qui réussit le pari d’être l’unique lieu de mixité volontaire du quartier Saint-Jacques !

– votre ou vos artistes préférés ?
Côté cinéma, je suis et resterai Kubrikienne. Parce que la photographie, c’est aussi important, au cinéma. Et sinon, la dernière grande claque que j’ai prise, c’était devant Divines, de Houda Benyamina.
Côté musique, c’est vraiment très très variable. J’écoute de tout, avec une préférence pour le rock et le post rock. Mais en ce moment, dans la chaleur de Montpellier, j’abandonne Mogwai pour Cesaria Evora, qui a eu tendance à m’accompagner sur les dernières années, autant au boulot que dans la rue ou en bivouac en Mongolie.
Mon photographe favori du moment c’est Stéphane Lavoué et ses incroyables portraits. Il a d’ailleurs fait un superbe travail sur le projet “La France vue d’ici”.
Côté lecture, difficile de choisir entre les quelques 400 romans que compte ma bilbliothèque. Mais ma dernière lecture marquante, c’était la trilogie Fabio Montale (Total Khéops, Chourmo et Solea) de Jean-Claude Izzo : sous prétexte d’une épopée policière, c’est une ode à Marseille noire et passionnée. Superbe.
Enfin, côté théâtre… difficile de choisir également. Mais je suis extrêmement sensible à l’humour et à la qualité des spectacles d’Antoine Defoort.

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…