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Museum Connections – Entretien avec Lélia Decourt (MAMAC de Nice)

Que faire quand une large partie de votre public habituel ne peut plus venir vous rendre visite ? Quelle stratégie adopter ? Au MAMAC de Nice, les problématiques inhérentes à la Covid 19 (en coupant le musée des touristes internationaux qui constituaient plus de la moitié de son audience) ont poussé les équipes du musée à développer d’une réflexion pour réengager les publics locaux. Lélia Decourt, responsable des publics, nous explique les actions que le musée a mis en place depuis 2 ans.

Communicant.info : Bonjour Lélia, pourriez-vous présenter le MAMAC (Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain) de Nice et vous présentez en quelques mots ?
Lélia Decourt : Bonjour, je suis responsable des publics, des événements et de la programmation associée au MAMAC de Nice. Il s’agit d’un musée municipal, ouvert en 1990, il a plus de 30 ans. Son propos est axé autour de l’Histoire de l’Art des années 50-60 jusqu’à nos jours. Il propose des expositions temporaires d’envergure – monographiques ou thématiques – et le déploiement d’une collection de plus de 1400 œuvres.

« Engager un public plus local »

C.I : Parlons de vos publics : les touristes internationaux en constituent normalement une large partie. Cela a du constituer une certaine difficulté pour vous en juin 2020 ?
LD : Effectivement, cela a été assez compliqué de remobiliser les publics à la fin du confinement. les touristes internationaux représentent en effet 60 % de nos visiteurs. Il a nous a donc fallu réfléchir à comment engager un public plus local en développant des axes d’intervention auprès de ces publics locaux.

C.I : Vous avez justement mis en place de nombreuses actions à différents niveaux, pouvez-vous nous expliquer cela ?
Nous avons principalement travaillé sur 3 axes :
– Pour commencer, nous avons travaillé à continuer à fidéliser le public scolaire qui est le plus présent chez nous. Nous avons aussi développé une offre familiale pour mobiliser les parents et nous avons mis en place de nouvelles activités plus pédagogiques, plus ludiques. Enfin nous avons travaillé à favoriser une politique beaucoup plus inclusive.
– Nous avons travaillé à renforcer le développement d’une offre locale avec des partenariats impliquant différents acteurs que ce soit avec des associations, des compagnies, des artistes ou encore avec des services municipaux comme la maison des séniors de la ville de Nice.
– Enfin le MAMAC s’ouvre depuis plusieurs années au spectacle vivant. Nous avons donc multiplié les événements pour essayer de croiser les publics et les disciplines (arts vivants et visuels). Nous avons donc créé un festival : « Arty Party ». L’année 2022 verra donc la troisième édition de ce festival que nous avons créé en mobilisant les acteurs des arts vivants.

« S’ouvrir au spectacle vivant (…) pour provoquer de nouvelles rencontres avec les œuvres »

C.I : Vous parlez d’une « politique plus inclusive », pouvez-vous nous expliquer ce qu’elle sous- entend ?
Tendre vers un musée inclusif, c’est un travail de longue haleine, sur le long terme. Au delà de l’accès aux personnes à mobilité réduite, nous avons aussi mené une réflexion concernant la signalétique, les supports, les accompagnements pour des publics en situation de handicap.
Pour cela, nous avons développé des partenariats locaux, notamment avec la mission handicap de la Ville de Nice pour essayer de travailler, par étapes, avec un comité comportant à la fois des professionnels, mais aussi des usagers. Par exemple, nous avons commencé par travailler sur le langage FALC (Facile A Lire et à Comprendre : transcription d’un langage classique en un langage compréhensible par tous) pour créer des supports de visite qui puissent être accessibles à tous.

C.I : Parmi tous ces projets menés, si vous deviez retenir une action, qui vous paraît emblématique de toutes ces expérimentations post-Covid ? Laquelle serait-elle ?
La plus emblématique reste le fait d’avoir croisé les disciplines artistiques et d’avoir ouvert le musée au spectacle vivant. Le fait que des artistes puissent venir rencontrer les œuvres, faire des face à face avec ces dernières, cela nous permet de mobiliser d’autres publics et de mêler art visuels et vivants.

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…