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Portrait de communicante [spécial Fest’up] : Adèle Bernengo / Festival de Besançon-Franche-Comté

Communicant.info s’associe à Fest’Up : un programme qui labellise et encourage 3 projets numériques et solidaires portés par 3 festivals. L’objectif de Fest’Up, initié par France Festivals en partenariat avec la Fondation Groupe EDF est de soutenir et favoriser la force d’innovation des festivals, dans un souci d’ouverture et de partage de la culture au plus grand nombre. Trois projets ont été retenus et labellisés. Ils se sont distingués par leur capacité à marier la dimension numérique et collaborative au service d’initiatives solidaires et innovantes. 

Au travers de trois portraits de communicants, consacrés aux porteurs de ces initiatives, nous vous présentons ces trois projets.
Rencontre avec Adèle Bernengo. Elle nous présente le projet immersion symphonique, mais aussi son métier de chargé de communication (hyperactive !) au sein du Festival de Besançon-Franche-Comté…

« La découverte d’un nouvel univers »

– communicant.info : Bonjour Adèle, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours de communicante ?Adèle Bernengo : J’ai débuté ma formation en communication un peu « par hasard »… Une orientation choisie après une présentation de la formation l’année du bac, un dossier… et me voilà en DUT Information-Communication à Grenoble. À la fin de ces deux ans, je pars faire une année en Angleterre (BA English for international communication), et de retour à Grenoble j’intègre la licence pro Communication visuelle (pour sa deuxième année d’existence), une formation riche et variée, avec une large place donnée à l’image. Mon stage de fin de Licence me mène à Besançon, où je passe 6 mois en tant qu’assistante communication / PAO au Festival de Besançon : j’y découvre un nouvel univers (la musique classique) et suis curieuse de tout. Le chargé de com’ à l’époque quitte le Festival au moment où je termine mon stage. J’enchaine avec un CDD, puis un CDI, et me voici bisontine d’adoption.

– communicant.info : Pouvez-vous nous présenter le Festival de musique de Besançon Franche-Comté ?
AB
:  Le Festival de Besançon est l’un des plus vieux festival de France. Crée en 1948, il a le même âge que celui de Cannes !
Il s’est construit autour du répertoire symphonique (orchestre symphonique NDR) principalement, même s’il est également ouvert à la musique de chambre (musique pour un petit ensemble d’instruments NDR), aux récitals (concert par un ou deux musiciens NDR), à la musique vocale et, plus récemment, aux musiques du monde et jazz.

Très vite après sa création (1951), le Festival a créé un des premiers Concours international de jeunes chefs d’orchestre, qui s’impose rapidement comme la plus prestigieuse de sa catégorie. Ouvert depuis toujours à la musique contemporaine, le Festival porte également, depuis 2004, un projet de résidence de compositeur. Elle vise à faire découvrir ce répertoire, notamment avec la programmation de pièces du compositeur accueilli lors du Festival.

Adèle Bernengo / portrait de communicante / Festival de Besançon-Franche Comté

– communicant.info : Quelles sont vos missions au sein de ce festival ?
AB : Nous sommes plutôt une petite équipe et mes missions sont assez variées : je suis chargée de com, mais pas que…
Pour le volet communication : je m’occupe de la réalisation du plan de communication, des achats d’espaces, de la réalisation des supports de com’ (mise en page en partie en interne et en partie externalisée), de leur diffusion… Je m’occupe du site Internet (tout est fait en interne), des newsletters et des réseaux sociaux. Je coordonne le travail avec les graphistes, l’agence de presse, le photographe, le vidéaste… Pour ces missions (et notamment les déclinaisons), j’accueille un/e stagiaire entre 4 et 6 mois par an. Pour cette année « anniversaire », nous avons gardé Pauline (une super-stagiaire !) pour un CDD d’un an.
J’ai également en charge l’organisation, le développement et le suivi de la résidence de compositeur : Bruno Mantovani, Michael Jarrell, Misato Mochizuki, Guillaume Connesson ou encore Philippe Hersant ont la chance de sillonner la Franche-Comté à mes côtés (!!) à la rencontre d’élèves et de professeurs des conservatoires et écoles de musique de la région.
Je gère aussi toute la partie « relation aux publics » : venue des scolaires au Festival, travail avec des associations musicales ou d’insertion, organisation de rencontres avec les artistes…
Enfin, je travaille avec Jean-Michel Mathé, le directeur du Festival, pour le suivi des nombreux partenariats, des collectivités aux petites associations : projets transversaux en région, gestion des invitations partenaires, coordination des soirées privées… Une fois le Festival passé, je rédige une bonne partie du bilan général de l’association (édition du Festival, projets de la résidence, actions menées), et je pars quelques jours en vacances (rires !)

« Un orchestre virtuel interactif »

– communicant.info : Vous avez candidaté pour le programme Fest’Up proposé par France Festival en partenariat avec la Fondation Groupe EDF. Qu’est-ce qui a motivé cette candidature ?
AB : Nous avions connaissance de la mise en place du programme Fest’Up mais j’avoue que l’idée de gérer une campagne de financement participatif me faisait un peu peur… Lorsque l’appel à projets est tombé, nous étions en réflexion avec un compositeur pour une installation sonore et interactive autour de l’univers de l’orchestre. Le projet entrait parfaitement dans les clous… De plus, 2017 étant une année anniversaire, c’était l’année ou jamais ! La présence de Pauline (en CDD) a terminé de faire pencher la balance.  Je pense en plus que c’est très formateur pour elle aussi.

– communicant.info : Grand bien vous a pris, car votre projet figure parmi les 3 lauréats en 2017. Pouvez-vous nous le présenter ?
AB : « Immersion symphonique » est une installation sonore et visuelle (Sur une idée originale et une composition musicale de Jacopo Baboni Schilingi). Elle offre un nouveau mode de rencontre avec l’univers symphonique. Un orchestre virtuel interactif invite le public à décomposer et recomposer une pièce symphonique.
Se déplaçant au milieu de vestiges antiques par le biais d’une scénographie originale, le public devient specta[c]teur de l’installation : lorsqu’il se positionne sur un point identifié, un groupe d’instruments joue un fragment d’une œuvre symphonique. S’il reste immobile, il n’entendra qu’une partie de l’orchestre, mais s’il évolue dans l’espace, ou si plusieurs personnes sont présentes sur le dispositif, l’ensemble des instruments se feront peu à peu entendre. La pièce musicale est composée à partir de citations d’œuvres de répertoire associées à des « ponts » permettant une liaison en morphing (de la façon la plus naturelle et la plus fluide possible) entre chaque extrait. Dès le déclenchement par un visiteur de la pièce, elle se déroulera tant que les capteurs seront activés. À la fin de l’œuvre, ou en cas d’inactivité, c’est l’ambiance d’un orchestre en train de s’accorder qui sera diffusée.
La scénographie (réalisée par Romuald Boissenin) est spécialement pensée pour ce lieu, surlignant la dimension particulière de la cour sans dénaturer l’ensemble. Il faut voir l’installation comme un monument dans le monument : les vestiges de colonnes, toutes de hauteurs différentes, seront les points d’interaction et les visiteurs, une fois placés dessus, les déclencheurs. Elles seront disposées en arc de cercle, rappelant ainsi la structure d’un orchestre. Le piédestal, celui du « chef », détiendra les clés de compréhension du dispositif.
L’installation est proposée en plein air et en accès libre dans une cour (lieu ouvert au public mais semi-fermé, permettant à l’installation d’être protégée du brouhaha de la ville). Elle s’adresse à tous, néophyte et mélomane, petits et grands, avec différents niveaux de lecture. Elle sera ludique avec un jeu d’entrée / sortie des différents groupes instrumentaux, mais elle permettra aussi de mieux appréhender la composition et la construction d’une pièce symphonique. Et pour aller encore plus loin, la place du « chef » permettra de s’essayer à la direction d’orchestre, en influant sur le tempo et le volume.

Immersion symphonique / projet du Festival de Besançon Franche Comté
Immersion symphonique / projet du Festival de Besançon Franche Comté

« L’orchestre sort de la salle »

– communicant.info : Si vous deviez donner une seule raison de soutenir votre projet, quelle serait-elle ?

L’essayer c’est l’adopter ! Le cœur du Festival de Besançon est le répertoire symphonique. Les salles de concert et le public de ce répertoire font encore peur à toute une partie de « non-public », qui considère qu’il n’y a pas sa place. Avec l’installation « Immersion symphonique », l’orchestre sort de la salle et va à la rencontre de ce public, dans la rue. L’écoute est différente mais le répertoire reste le même, et une première partie du travail de sensibilisation est fait.

Là est tout l’intérêt de l’installation : on ne demande plus au public de
« faire l’effort », d’ « essayer »… C’est l’orchestre qui se déplace et qui se met en quatre (en huit !) pour être mieux compris ; ce n’est pas au public de changer sa manière d’écouter mais c’est au contraire le répertoire qui s’adapte aux envies du public en modifiant le et le mode d’écoute.

– communicant.info : On termine par les traditionnelles questions indiscrètes…

– Votre réseau social favori ? 

En fait, je ne suis pas très réseau social… Je vais dire Facebook car c’est celui que je connais le mieux (je m’y suis formée). J’ai conscience de leur intérêt mais cela demande tellement de temps. Je n’ai aucune pratique à titre personnel.

– La discipline artistique ultime pour vous ?

Je ne pense pas qu’une soit au-dessus de l’autre. J’aime et je n’aime pas des choses en chacune.

– Votre meilleure expérience culturelle ?

Meilleure je ne sais pas, mais j’ai reçu une grande claque devant Le Chagrin des ogres (Fabrice Murgia) à Avignon il y a quelques année. Je recherche, au théâtre ou au cinéma notamment, des moments d’émotions fortes (quelles qu’elles soient).

– Vos cinq lieux culturels favoris ?

Le Musée d’Art Brut de Lausanne, la Halle Saint Pierre de Paris et ses expositions temporaires, je suis assez branchée Art Brut. J’ai beaucoup aimé La Piscine de Roubaix : le lieu et surtout une exposition de silhouettes en scotch qui nageaient et plongeaient dans le bassin, un travail d’étudiants je crois.
Le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle, que je rêve de visiter ! Je ne sais pas si ça compte ? (rires) J’aime aussi beaucoup les expositions temporaires, me plonger dans l’univers d’un artiste plutôt que dans une époque. Et enfin le bistot du coin, un vrai lieu de culture(s) !

– Votre ou vos artistes préférés
Aujourd’hui, je dirais Brecht Evens (pour ses univers colorés), Bloodshot Bill pour son énergie (et sa gomina !) et Timber Timbre pour son univers envoutant. Egon Schiele et ses personnages torturés. Aloïse et ses grands yeux bleus… Mais tout ça évolue au fil du temps !

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…