Coopérer, mutualiser les actions, s’épauler les uns les autres, sans doute la meilleure des manières de faire face aux défis qui s’annoncent pour le secteur culturel… La Colline des Arts qui regroupe 11 institutions parisiennes est un exemple de ces réseaux culturels collaboratifs qui prennent forme actuellement. Nous en avons parlé avec Aurélie Clemente Ruiz, directrice du Musée de l’Homme.
Vous êtes la directrice du Musée de l’Homme, un des nombreux sites dépendant du Muséum National d’Histoire Naturelle, comment se décline la politique / la démarche de développement durable de celui-ci ?
Celle-ci se décline de plusieurs manières en fonction des projets sur le site spécifique du Musée de l’Homme. Nous avons la chance d’avoir un musée entièrement refait à neuf en 2015 et donc peu énergivore dans son fonctionnement quotidien. Ce sont les expositions temporaires qui sont principalement impactées par ces sujets. Dans nos appels d’offres, nous avons des critères de sélection liés à une politique de développement durable active, à la fois dans les matériaux utilisés et leur gestion à l’issue de l’exposition. Nous recyclons ou réemployons près de 90% de nos scénographies temporaires. Nous sommes aussi vigilants sur la provenance des œuvres exposées, en essayant de limiter au maximum les transports lointains, de rationaliser les prêts et les convoiements. Des membres de l’équipe des expositions ont été formés sur ces sujets et l’ensemble de l’équipe du musée sensibilisée à ces questions.
Le Musée de l’homme est aussi partie prenante d’une association, la Colline des Arts. Pouvez-vous nous présenter celle-ci ?
La Colline des Arts regroupe 11 institutions culturelles (Théâtre des Champs-Elysées, Musée Yves Saint Laurent, MAM, palais de Tokyo, Musée Guimet, Palais Galliera, CESE, CAPA, Théâtre de Chaillot, Musée de la Marine et le Musée de l’Homme). Celle-ci se trouvent toutes sur la Colline de Chaillot, et cela crée un parcours de visite culturel inédit. Pendant la pandémie, nous avons décidé de nous réunir pour échanger ensemble sur nos bonnes pratiques, nos programmations, mais aussi imaginer des évènements ensemble. Parmi les sujets évoqués, la question de nos démarches respectives de développement durable a été abordée. Elle doit encore être creusée pour se traduire en action concrète. Mais d’ores et déjà, par ce dialogue et ce réseau installé, nous pouvons réfléchir à mutualiser certains aspects.
Que vous apporte concrètement cette collaboration et comment abordez-vous collectivement les différents sujets ensemble (événements commun, mutualisation de ressources…) ?
Nous nous réunissons tous les 2-3 mois afin d’aborder des sujets spécifiques à chaque fois, avec différents membres de nos équipes respectives. Le partage d’expérience est un élément central afin de mettre en lumière les bonnes pratiques de chacun, mais aussi ce qui ne fonctionne pas ! Nous essayons aussi de programmer tous ensemble un week-end par an, thématisé, qui permet d’incarner cette Colline des Arts auprès d’un large public.
Y-a-t-il des contraintes à faire vivre un tel réseau ? Comment le voyez-vous évoluer ?
Cette volonté de dialogue nécessite du temps ! Cela se rajoute souvent à la gestion quotidienne de nos établissements respectifs donc repose beaucoup sur la motivation des participants à ces groupes de travail. Mais nous voyons tous l’intérêt que nous partageons à mieux échanger et à imaginer des projets collectifs. Il faut donc mieux structurer notre réseau pour que chacun trouve le temps de s’y investir et que ça puisse déboucher sur des actions concrètes et durables.