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Portrait de communicant [spécial Fest’Up] : Emmeran Rollin / Festival de Rocamadour

Communicant.info s’associe à Fest’Up : un programme qui labellise et encourage 3 projets numériques et solidaires portés par 3 festivals. L’objectif de Fest’Up, initié par France Festivals en partenariat avec la Fondation Groupe EDF est de soutenir et favoriser la force d’innovation des festivals, dans un souci d’ouverture et de partage de la culture au plus grand nombre. Trois projets ont été retenus et labellisés. Ils se sont distingués par leur capacité à marier la dimension numérique et collaborative au service d’initiatives solidaires et innovantes. 

Au travers de trois portraits de communicants, consacrés aux porteurs de ces initiatives, nous vous présentons ces trois projets.
Pour nous présenter le projet « Les litanies de Rocamadour », c’est le directeur du Festival de musique sacrée de Rocamadour qui s’est prêté au jeu du « portrait de communicant ».

– communicant.info : Bonjour Emmeran, pouvez-vous vous présenter, vous et votre parcours ?
Je suis originaire du Quercy ou je suis né il y a 30 ans. Passionné par la musique, je commence mes études d’orgue au conservatoire de Montauban en 2002 dans la classe de Marc Chiron. En 2005, je les poursuis auprès de Michel Bouvard au Conservatoire National de Région de Toulouse et complète ma formation par une licence de musicologie à l’Université de Toulouse Le Mirail. En 2008, je continue mes études d’orgue dans la classe d’Eric Lebrun au conservatoire de St Maur-des-fossés dans laquelle j’obtiens un premier prix mention Très Bien ainsi que dans le même temps un master en administration et gestion de la musique à Sorbonne-Paris IV. En Avril 2010, je suis admis au centre d’études supérieures de Toulouse dans les classes de Michel Bouvard, Willem Jansen, Stéphane Bois et Philippe Lefevbre qui devient l’Institut Supérieur Des Arts de Toulouse et je suis récompensé en juin 2013 par l’obtention du Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien (DNSPM) avec mention Très Bien. Depuis la fin de mes études j’ai donné quelques concerts : Avec le  choeur de chambre Les Eléments, l’orchestre du Capitole, le choeur de chambre Mélanges et en soliste dans plusieurs festivals, Toulouse les orgues, Cycle musical de la chapelle de Kersaint, Toulouse d’été, festival d’orgue de Montauban, Notre-Dame de Paris.
J’ai été organiste titulaire de la Cathédrale de Montauban de 2004 à 2012 ainsi que directeur des trois premières éditions de son festival d’orgue. Après avoir occupé la fonction de chef de projet musique dans une salle de spectacle Toulousaine et donné des cours en gestion de projet artistique à l’Université de lettres, j’occupe actuellement, le poste de Directeur du festival de Rocamadour.

« Trouver son public et établir des liens »

– communicant.info : Pouvez-vous nous présenter le festival de Rocamadour ?
Le festival de Rocamadour voit le jour en 2006 grâce à l’initiative de mélomanes passionnés par l’histoire de Rocamadour et notamment par son héritage musical médiéval mais aussi plus récent avec le passage de Francis Poulenc. La vocation de la promotion de la musique sacrée fut une évidence pour cette ville-sanctuaire dont la Basilique Saint-Sauveur et la Crypte Saint Amadour sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une cité du vertige et un patrimoine exceptionnel pour une acoustique parfaite qui donne cette touche de magie unique à chaque concert. De quelques concerts, le festival a su, au fil des ans, créer son histoire, trouver son public et établir des liens pour devenir aujourd’hui le rendez-vous culturel incontournable lors d’un passage dans le pays de la vallée de la Dordogne.
En 2009 est lancé le projet de la construction d’un Grand orgue pour Rocamadour. Pendant, quatre ans l’équipe du festival va porter ce projet pour réaliser une oeuvre d’art unique qui s’inscrit pleinement dans l’histoire de la cité. Rocamadour étant lié au monde des marins, cet orgue a pris la forme d’une proue de bateau jaillissant de la falaise et pour venir se poser dans des courbes raffinées et souples sur un des piliers porteurs. 2013 voit l’aboutissement du projet de l’orgue, avec son inauguration, financé exclusivement par des dons privés montrant ainsi la volonté et la passion de toute l’équipe de promouvoir la musique sacrée. En 2015, la dixième édition du festival de Rocamadour remporte un immense succès. Le festival a proposé des nouveautés : naissance du choeur Exosphère, création mondiale du Stabat Mater de Christopher Gibert, création du spectacle De Profundis au Gouffre de Padirac. Le festival a su innover et aller à la rencontre de son public.
En 2016, le festival tisse de nouveaux liens avec le territoire: concerts à Autoire, Loubressac et Carennac, production commune avec le festival de Saint-Céré. Le concert en hommage à Francis Poulenc pour les 80 ans de sa venue à Rocamadour fut une soirée inoubliable.

Emmeran Rollin

– communicant.info : A quoi ressemble la journée d’un directeur de festival de musique ? 
Je dirai que cela doit varier en fonction des festivals. En tout cas, la mienne commence par l’écoute de la matinale de France Musique puis dès mon arrivée au bureau par la gestion de l’administration courante du festival. Rien de très passionnant, mais extrêmement utile !
J’occupe une grande partie de mon temps à nouer des nouveaux partenariats et à sillonner le territoire pour parler du festival. Mécènes, journalistes, élus, artistes… Sur ma pause déjeuner, quand je suis au bureau, j’écoute et regarde beaucoup d’enregistrements pour les programmations futures.

« Mettre les nouvelles technologies au service du bien-commun »

– communicant.info : Quelle place donnez-vous à la communication et, plus particulièrement au numérique ?
La communication est essentielle pour transmettre ce que nous sommes et ce que nous faisons. Le numérique est un engagement que le festival de Rocamadour défend. Comment pouvons-nous mettre les nouvelles technologies au service du bien-commun? Comment peuvent-elle permettre de créer du lien entre les personnes, permettre d’amener à la découverte de l’art et de la transmission de la culture ? Notre projet Fest’up est dans cette lignée.

– communicant.info : Vous avez donc candidaté pour le programme Fest’Up proposé par France Festival en partenariat avec la Fondation Groupe EDF. Qu’est-ce qui a motivé cette candidature ?
Nous y avons vu l’opportunité de mettre en oeuvre cette question que nous nous posions. Fest’up est donc pour nous une rampe de lancement. Nous y avons vu l’opportunité de devenir des pionniers car la réflexion sur l’alliance entre nouvelles technologies et culture commence à peine. Et, puis nous aimons l’idée de parler de l’histoire de Rocamadour avec les moyens de communication actuels.

– communicant.info : Grand bien vous a pris, car votre projet figure parmi les 3 lauréats en 2017. Pouvez-vous nous le présenter ?
Lier le lieu, Francis Poulenc et le Grand Orgue pour révéler les secrets et les beautés d’une cité millénaire, tel est l’essence de ce premier projet numérique. Le spectateur sera tout d’abord plongé dans une atmosphère unique et douce, pour rejoindre ensuite le cœur du village : le Sanctuaire. Autour d’une histoire, celle de Francis Poulenc, et d’une œuvre, les Litanies à la Vierge Noire de Rocamadour, il partira à la rencontre de ce lieu et sera accompagné par l’envoutante acoustique qu’offre la basilique lors des soirs de concerts. Guidés par la voix du compositeur, petits et grands découvriront l’histoire, les secrets et la beauté de ce site hors du temps !
La vidéo pourra être téléchargée directement sur le smartphone et visionnée avec ou sans lunettes spécifiques.
Accessible sur internet et totalement gratuite, elle sera proposée sur place à Rocamadour, avec le prêt de lunettes, ou dans tous les lieux munis d’une connexion internet. Des lunettes « cardboards » seront à la vente dès cet été et à tout moment en ligne sur le site du Festival de Rocamadour afin de vivre l’aventure comme si vous y étiez !

Les litanies de Rocamadour

– communicant.info : Si vous deviez donner une seule raison de soutenir votre projet, quelle serait-elle ?
En nous soutenant, vous deviendrez des pionniers au côté du festival de Rocamadour.
Ce projet, au service du bien commun, a pour objectif premier de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à Rocamadour et d’en comprendre l’histoire d’hier, d’aujourd’hui et celle de demain. Il est aussi un « connecteur » pour permettre le partage entre les générations. Outil pédagogique mais aussi ludique et social, le Festival de Rocamadour souhaite aujourd’hui être une référence dans le monde des festivals en matière de bonne utilisation du numérique.

– communicant.info : On termine par les traditionnelles questions indiscrètes…
– Votre réseau social favori ? Un diner avec des amis !
– La discipline artistique ultime pour vous ? Chef d’orchestre
– Votre meilleure expérience culturelle ? Le spectacle De profundis au fond du Gouffre de Padirac
– Vos cinq lieux culturels favoris ? En premier lieu, le Théâtre des Champs-Elysées, Le festival d’Aix en Provence, Le théâtre du Capitole, Le musée des Augustins à Toulouse et Notre-Dame de Paris
– Votre ou vos artistes préférés ? Il y en a beaucoup, car tous les artistes que je programme sont des coups de cœur… Mais je vous livre un nom parmi tant d’autres : Sabine Devieilhe.

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…