Julia Lagoardette est attachée de presse et community manager (elle préfère « chargée de mission en relations presse/publique et numériques ») au sein de l’Agence Canal Com à Bordeaux.
Cette dernière est spécialisée dans les relations presse, la stratégie digitale et événementielle. L’Agence accompagne de nombreuses structures et événement culturels (Opéra National de Bordeaux, L’Abbaye aux Dames, la cité musicale de Saintes, le Concours international de Quatuor à Cordes à Bordeaux…).
Julia a bien voulu, avec humour mais précision, nous parler de son métier et de ses enjeux.
Communicant.info : Bonjour Julia. Pourriez-vous vous présenter et nous présenter votre profession ?
Julia Lagoardette : Bonjour ! J’ai 34 ans et j’habite à Bordeaux. Il y a quelques années, je me serais présentée comme une attachée de presse (terme que j’emploie encore à certains moments, mais de plus en plus rarement) et community manager. Aujourd’hui je préfère dire que je suis chargée de missions en relations presse/publiques et numériques. C’est un peu pompeux comme titre (et surtout plus long !), mais la communication a beaucoup évolué ces dernières années et nous ne pouvons plus uniquement dire « Je suis attachée de presse ». Une partie de mon travail consiste toujours à communiquer auprès de la presse sur mes clients, leurs actions, innovations, évènements,… mais plus seulement. Nous communiquons désormais en direction d’un large spectre.
C.I : Pouvez-vous nous dire comment vous en êtes arrivée là ?
JL : Mon parcours est très… hétéroclite ! Comme beaucoup d’adolescents, et peut être est-ce d’autant plus vrai à notre époque, j’ai mis très longtemps (très avec une majuscule !) à trouver ma voie, ce que j’avais vraiment envie de faire de ma vie. J’ai fait des études de comptabilité (qui auront au moins eu le mérite de me faire prendre conscience que les chiffres ne sont pas mes amis !), de graphisme, de marketing/vente et même d’esthétique… Mais rien de tout cela ne me tenait « en haleine » très longtemps.
Ayant baigné dans la communication et la culture depuis que je suis enfant, grâce à mes parents, j’ai rejoint l’agence de conseils en communication de ma mère. Il y avait un « trou » entre le départ et l’arrivée d’une nouvelle collaboratrice. J’ai occupé ce trou durant trois mois et ne suis jamais partie. Ça fera bientôt huit ans.
« Rien ne se passera jamais comme prévu »
C.I : Comment décririez vous votre journée de travail ?
JL : Une question très difficile. Les journées type n’existent pas dans mon métier. Chaque matin, nous aurons beau définir les priorités, établir un plan de travail organisé, rien ne se passera jamais comme prévu, car notre métier, à l’instar des médias et du web dans sa quasi globalité, est tributaire de l’actualité. Une information importante peut tomber à n’importe quel moment et nous devons la traiter immédiatement, comme le ferait l’Agence France Presse du côté des médias, par exemple.
Que cela soit par un communiqué à envoyer à la presse, une information à diffuser sur les réseaux sociaux, voire les deux, les aléas et urgences sont une part quotidienne de notre travail. Et on ne peut décemment pas dire à un client « Désolé je ne peux pas traiter votre demande pour l’instant, j’ai prévu autre chose ». Nous devons donc moduler tout au long de la journée afin d’accorder le temps nécessaire à chacun de nos clients, tout en gérant urgences et évènements impromptus. C’est un exercice de style permanent !
La seule chose immuable dans ma journée c’est la veille presse. La première chose que je fais chaque matin est de vérifier les quotidiens bordelais (20 minutes, Direct Matin Bordeaux 7 et Sud Ouest), ainsi que les alertes presse que nous recevons par mail, cela afin d’être la plus réactive possible et que nos clients aient leur revue de presse dans leur boîte mail avec leur café !
– Qu’est-ce qui a changé dans votre travail avec l’avénement des réseaux sociaux ?
JL : Il nous est apparu comme une évidence que les réseaux sociaux ne pouvaient plus être ignorés. Aujourd’hui nous communiquons sur les réseaux sociaux en parfaite complémentarité des relations presse, mais aussi auprès des relais d’influence (blogueurs, forums…). Les relations presse nous permettent de toucher une partie de la population qui n’est pas forcément la même que sur les réseaux sociaux, et dans le meilleur des cas l’information touchera doublement l’internaute qui pourrait également être lecteur/auditeur/téléspectateur.
Concrètement, ce qui a changé avec l’avènement des réseaux sociaux, c’est le temps. La veille, la programmation, les live que nous réalisons sur certains évènements, la relation avec les internautes, se tenir au courant des nouvelles applications/plateformes/réseaux sociaux qui naissent chaque semaine, tout cela prend énormément de temps.
Beaucoup de gens avec lesquels je discute de mon métier, pensent qu’administrer des réseaux sociaux est quelque chose de facile, qui ne prend que quelques minutes par jour, que c’est presque un jeu. C’est peut être le cas lorsqu’il s’agit d’un seul, mais quand vous en gérez plusieurs et selon le type de client concerné, cela prend beaucoup de temps.
Tout va si vite sur le web qu’il faut faire très attention à ce que l’on poste. Une erreur, même si elle est supprimée dans la minute qui suit, aura potentiellement touché des centaines, voire des milliers d’internautes, selon la fréquentation du compte. C’est pour cette raison, face à cette constatation, que mon temps se découpe désormais à 60% pour les réseaux sociaux et le reste pour les relations presse. Nous avons du changer notre organisation interne et répartir le travail de manière différente entre les collaborateurs de l’agence.
« un échange humain et de travail plutôt sympathique »
– Qui sont ces fameux influenceurs ? Comment les dénichez-vous ?
JL : Les blogueurs sont particulièrement importants pour moi. Ils ne sont pas journalistes pour la plupart, ont une vie en dehors de leur blog, mais ont eu assez de talent pour réussir à se trouver une place dans la vaste toile, et certains d’entre eux sont désormais incontournables. Le blogueur est comme vous et moi, dans le cercle presque… intime, je dirais. Il dit ce qu’il pense, ce qu’il a aimé et ce qu’il a moins aimé, il encourage, il pousse des coups de gueule. Il s’adresse à vous tout simplement comme s’il était… vous.
Les grands blogueurs ne sont pas difficiles à dénicher. On les voit partout, ils sont sur tous les fronts, ou presque. Chaque fois qu’ils postent sur leur blog ou sur les réseaux sociaux, le relai est instantané. Ce sont des relais d’opinion très importants car leur moindre battement de cils provoque de bonnes ou mauvaises répercussions sur ceux qui en sont la cible. Mais comme ils sont de plus en plus sollicités et « chouchoutés », il n’est pas forcément évident d’arriver à capter leur attention. Un blogueur ne vit généralement pas de son blog, alors il parlera de ce qui l’intéresse vraiment ou le fait hurler. Si vous ne rentrez dans aucune de ces catégories (c’est mieux concernant la seconde…) il est peu probable de les intéresser. Ce sont néanmoins des gens avec qui nous avons de bons rapports et même si ils ne retiennent qu’une information sur vingt, une fois le contact établi, ils ont une bonne mémoire ! (rires)
Je me concentre également beaucoup sur les nouveaux blogueurs. Je me renseigne autour de moi, auprès des proches, des copains journalistes ou communicants, ou simplement par rapport à mon propre ressenti lorsque je lis un blog.
Je suis en veille permanente de celles et ceux qui seront les influenceurs de demain, car les choses bougent très vite. Nous suivons et soutenons les balbutiements des blogueurs en lesquels nous croyons. Nous leur transmettons des informations (communiqués au même titre que la presse, interviews…) et des moyens (conférence de presse, évènements, spectacles…) pour enrichir le contenu de leur blog, avoir une information fraîche et à la source. De leur côté, ils ne nous oublient pas une fois qu’ils ont gagné en notoriété. C’est un échange humain et de travail plutôt sympathique.
Quelques questions indiscrètes pour finir !
– Quel est le réseau social dont vous ne pouvez pas vous passer ?
Pourquoi ?
Facebook. Parce qu’on y trouve absolument de tout. Du sérieux, du ridicule, de l’information, de la vie publique autant que privée, des bons plans, des aberrations, des tests stupides tellement sympas quand on a rien envie de faire, les photos et vidéos des contacts, des idées shopping ou de sorties… et tant d’autres choses qui ne sont vraiment propres qu’à Facebook.
– Quelle est la discipline artistique ultime pour vous ? (celle qui surpasse les autres ?)
Ouhla ! C’est une question difficile… il y en a tant qui m’impressionnent ! Disons que si je devais en choisir une seule ce serait la danse. Les danseurs sont de véritables athlètes de haut niveau. Pour travailler régulièrement avec les artistes du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux, je reste souvent pantoise tout autant qu’admirative devant ce qu’ils sont capables d’accomplir comme prouesses physiques, tout en restant élégants, gracieux, avec un jeu d’acteur impeccable…
– Quelle est votre meilleure expérience culturelle / artistique ?
Ce n’est sans doute pas la meilleure car j’en ai eu bien d’autres, mais la dernière exposition que j’ai vu m’a beaucoup marquée. Edo, Coolness of Kingyo est présentée à l’Art aquarium de Tokyo au Japon. C’est une exposition basée sur l’art de la lumière, de l’eau, de la forme d’aquariums transparents, et de… poissons (vivants hein…) ! Les Golden Fish (poissons japonais) sont incroyablement mis en valeur et en lumière. C’est une exposition impressionnante que j’ai vraiment beaucoup aimée.
– Quels sont vos 5 lieux culturels favoris ?
A Bordeaux : le Grand-Théâtre de Bordeaux, le Glob Théâtre, le CAPC, le TnBA. A Paris : le Musée Art Ludique
– Qui est votre artiste préféré(e) ?
Là aussi question difficile… Il y en a tant de fantastiques. Je dirais Philippe Jaroussky. A chaque fois qu’il chante… je pleure !