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Spécial SITEM / « Impossible de construire des outils de médiation adaptés, sans une connaissance la plus exacte possible de son/ses publics » : rencontre avec Suzie Maccario

Si l’on vous dit rencontre entre le sujet d’une exposition et ses publics, peut être pensez-vous à la communication ou à la médiation ? Mais avez-vous pensé à la muséographie ? Nous avons voulu poursuivre notre découverte (Nous en avions déjà parlé ici !) de ce métier avec Suzie Maccario, présidente de l’Association Professionnelle des Muséographes.

Communicant.info : Bonjour Suzie, pouvez-vous vous présentez et présenter l’Association Professionnelle des Muséographes ?

Suzie Maccario : Bonjour Cyril, je suis muséographe, directrice de l’agence Ame en Science et présidente de l’APM. Cette association représente et promeut la profession de muséographe auprès des maîtrises d’ouvrage et des institutions. Elle a pour principal objectif de fédérer et d’animer une communauté de professionnels en favorisant les échanges et en facilitant la mise en relation des différents acteurs impliqués dans les projets d’exposition.

« Embarquer les publics dans une expérience originale »

C.I : Le rôle d’un muséographe est de « favoriser la rencontre entre un public et l’ensemble des contenus exposés »… Comment procède-t-il pour cela ?

SM : Le muséographe conçoit tout d’abord un scénario qui puisse embarquer le /les publics dans une expérience originale. Il imagine ensuite des dispositifs de médiation sur mesure en fonction des contenus qu’il souhaite diffuser et des utilisateurs ciblés. C’est là tout l’enjeu de son travail : trouver un support qui fasse naitre une émotion chez le visiteur.

« Imaginer comment tel ou tel outil numérique va permettre d’exprimer pleinement un sujet » »Imaginer comment tel ou tel outil numérique va permettre d’exprimer pleinement un sujet »

C.I : Quelle place joue la connaissance préalable des publics du musée / lieu de visite dans le succès de votre mission ?

SM : Une place prédominante ! Impossible de construire des outils de médiation adaptés, des textes, une histoire, sans avoir une connaissance la plus exacte possible de son/ses publics. Dès le début d’un projet, il s’agit de se questionner sur les visiteurs concernés et sur leurs attentes ou habitudes (séniors, familles, adolescents, experts…). Parfois, il est impératif de réaliser une étude précise lorsque les visiteurs sont étrangers ou hors métropole. Certains muséographes développent même des compétences en psychomotricité pour mieux concevoir les outils des tout-petits.

C.I : En tant que muséographe, quel regard portez-vous sur l’arrivée des outils numériques dans les musées ? Comment un muséographe doit intégrer (ou pas) ces derniers ?

SM : Les outils numériques sont une chance pour proposer aux visiteurs une évasion, une rencontre unique. Le muséographe peut se saisir de cette opportunité pour offrir de nouvelles propositions de médiation à ses publics. Grâce au mapping par exemple, il est possible de révéler des choses cachées ou d’animer un support inerte de prime abord, grâce à la VR, d’embarquer les visiteurs à la rencontre des planètes de notre système solaire, grâce à un cube immersif, de plonger une famille au cœur d’un volcan qui explose, grâce à de la détection de présence, de pouvoir jouer à attraper des météorites au vol… Il existe des milliers de solutions numériques permettant de transcender un contenu et de le rendre captivant, attachant…

Notre rôle est donc d’imaginer comment tel ou tel outil numérique va permettre d’exprimer pleinement un sujet et de le rendre compréhensible, limpide pour le public à qui il est destiné.

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…