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Spécial SITEM / « La médiation numérique doit donc refléter l’importance de ce capital que nous détenons » Entretien avec Frédéric Durand (Smartapps)

Aujourd’hui, quasiment tous les visiteurs de musées ou de lieux patrimoniaux ont dans leur poche un « couteau suisse » qui peut servir à la fois de caméra, d’appareil photo, de dictaphone, de carte routière, de dictionnaire… Et s’il pouvaient aussi arriver dans les lieux culturels avec leur propre guide de visite ? C’est l’idée de Smartapps qui crée des applications faisant office d’outils de médiation numérique. Rencontre avec Frédéric Durand, PDG de cette entreprise. 

Communicant.info : Bonjour Frédéric, pouvez-vous nous présenter brièvement Smartapps ?
Frédéric Durand : Smartapps est une aventure qui a commencé en 2010, avec mon associé Damien Debin, nous avions pour objectif de transformer la médiation culturelle à travers le numérique. Aujourd’hui, plus de 77% des Français ont un smartphone dont 92% de la population de moins de 40 ans. Nous voulions donc intégrer la consultation des contenus culturels sur smartphone dans les habitudes des visiteurs des lieux de patrimoine.
Smartapps développe alors une solution de médiation numérique directement téléchargeable sur smartphone, destinée aux visiteurs sous forme d’application mobile, de web app (PWA) ou d’application in-situ. Aujourd’hui, Smartapps a réalisé plus de 500 applications pour plus de 100 clients, téléchargées plus de 5 millions de fois en France et à l’international.

Frédéric Durand - Smartapps
Frédéric Durand – PDG de Smartapps

« Le smartphone prend aujourd’hui une place centrale »

C.I : Vous proposez « d’enrichir la médiation numérique ». Qu’entendez-vous par là et comment procédez-vous ?
FD : Le secteur culturel en France est riche et essentiel à notre pays et à notre culture. La médiation numérique doit donc refléter l’importance de ce capital que nous détenons. Or, les audioguides et les visioguides proposés par les lieux culturels limitaient souvent les possibilités en termes de consultation, d’engagement, et d’immersion. Notre solution permet de faciliter les choses car, tout d’abord, le visiteur est en possession de son propre guide de visite dès son arrivée : son smartphone.
Deuxièmement, nous intégrons tout type de contenu : photos, vidéos, audio, commentaires, jeux, réalités immersives, etc., dans nos outils, tout en nous basant sur de réels usages des utilisateurs. Nous réalisons donc des tests utilisateurs afin d’optimiser l’interface et la navigation pour un public de plus en plus composite ainsi que le public présentant un handicap. La culture ne peut être enrichie que lorsqu’elle est démocratisée et que tous les visiteurs y ont accès : les jeunes, les enfants, les familles, le public malentendant/sourd, le public malvoyant/aveugle ainsi que les étrangers.
Troisièmement, la gestion des contenus devient simple grâce à notre smart•publisher, un système de gestion en back-office qui permet de saisir les contenus multimédias dans toutes les langues souhaitées. Vous pouvez ainsi organiser vos parcours et les scénariser pour proposer une expérience unique, et puis enfin il permet de générer automatiquement vos apps mobiles, vos web apps et vos apps in situ.

C.I : Le smartphone est devenu un incontournable dans nos vies quotidiennes, qu’en est-il dans les lieux de visite ?
FD : En effet, le smartphone prend aujourd’hui une place centrale dans notre vie quotidienne grâce à son utilité.
Après la crise sanitaire, nous avons remarqué que son importance dans les lieux culturels a exponentiellement augmenté. Des institutions françaises et internationales ont dû faire appel à smartapps pour réaliser leurs applications de visite. Ces musées, utilisant des audioguides traditionnels, était contraints d’arrêter la distribution de leurs outils in situ pour des raisons de sécurité sanitaire. En effet, un audioguide utilisé par plusieurs visiteurs présente un risque sanitaire beaucoup plus élevé, et tous les musées n’ont pas les moyens et les ressources pour désinfecter leur parc matériel après chaque utilisation. Le smartphone devient donc le seul outil de consultation 100% sécurisé voire le seul outil de prévention grâce à l’intégration des rappels sanitaires (gestes barrières, jauges de personnes, distanciation grâce à la géolocalisation).

« Penser sa stratégie de médiation numérique d’une façon holistique »

C.I : Est-ce que les gens continuent à télécharger des applications ?
FD : Nous avons remarqué lors des fermetures des institutions pendant plusieurs mois que les applications continuaient à être téléchargées malgré les confinements. L’équation était simple : plus un musée alimente son application de nouveaux contenus engageants tout en communiquant dessus, plus le taux de téléchargement de cette dernière est élevé. Les visites guidées à distance, les commentaires d’artistes, les ateliers et les jeux interactifs pouvant être réalisés depuis l’application ; tout cela a permis de favoriser sa pertinence pendant ces périodes.

C.I : Que recommandez-vous : avoir des contenus sur un site web accessible sur le smartphone ? Ou développer une application ? Ou les 2 ?
FD : Il est indispensable de penser sa stratégie de médiation numérique d’une façon holistique et complète. Nous invitons nos clients à voir leur stratégie comme un écosystème permettant au visiteur d’obtenir l’information recherchée sur l’outil le plus pertinent, que ce soit le site web, l’application mobile, l’écran interactif sur-place, etc. Nos solutions permettent une consultation harmonieuse du site web grâce à l’intégration et l’adaptabilité des pages web sur mobile. Pour cela, les contenus sur un site web favorisent le téléchargement d’une application mobile (ou web) et vice versa, le flux de trafic étant fluide sur chaque élément de cet écosystème. Un autre point important est le référencement, si le site web du lieu culturel est bien référencé sur les moteurs de recherches, cela augmentera le nombre de visites sur le site et sur l’application par la suite. Si le référencement naturel de l’application est élevé sur les Stores, nous pourrons aussi remarquer le même effet d’engouement sur le site web.

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Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…