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Interview : Céline Bernard : « la crise peut être une opportunité intéressante »

« Madame Marketing », c’est ainsi que se présente Céline Bernard… Elle a accepté de mettre ses compétences, son savoir et sa bonne humeur à notre disposition pour nous parler ce qu’est un modèle économique et comment on peut l’adapter.

C.I : Bonjour Céline, pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre activité ?
Céline Bernard :
« Madame Marketing », c’est ce que je réponds lorsque l’on me demande ce que je fais dans la vie. C’est tout naturellement le nom que j’ai donné à l’agence* que j’ai créé en 2017 après 17 ans de pratique des leviers d’action marketing dans l’industrie culturelle et le divertissement (Vidéo, Cinéma, Édition,…). Le conseil et la formation, c’est ce que je fais, et ce que j’aime faire en mode coaching, gestion de projet, workshop… avec une vision 360°. Ma volonté est de transmettre un marketing authentique qui sert l’humain afin d’apporter des solutions durables, et le tout avec expertise et bonne humeur !

Céline-Bernard-Modèle-économique-Marketing
Céline-Bernard : « la crise peut être une opportunité intéressante »

C.I : Commençons par le commencement : qu’est ce qu’un modèle économique ?
CB :
On peut le voir comme un outil purement financier ou un outil plus global incluant le marketing de l’entreprise.
Le modèle économique au sens puriste du terme est souvent associé à l’aspect purement financier : il vient valider la viabilité d’un projet. Cependant celui-ci ne peut exister sans une démarche marketing et vis-versa. En marketing, on définit le prix d’une offre par exemple, on recherche le seuil de rentabilité et / ou le développement de la marge. Ce prix va être ensuite validé via des focus groupes (technique d’étude qui consiste à réunir des personnes pour comprendre leurs attentes, leur attitude vis à vis de telle ou telle offre – NDR) ou des études de publics. Ce sont des réflexions qui alimentent clairement un business model.

« Un outil de prise de décision »

C.I : Y-a-t-il des outils qui permettent de formaliser ce modèle économique ?
CB :
On pense tout d’abord aux outils financiers (compte de résultat, P&L soit Profit and loss). Au sens plus large, on peut évoquer le business plan qui englobe la partie financière et marketing (business model + plan marketing). Le modèle Canvas est aussi intéressant car il a le mérite d’une présentation claire et opérationnelle très accessible par des novices.

Business Model canvas
Le Business Model canvas

C.I : Ce modus operandi est-il adapté aux organisations culturelles (qui sont pour la plupart du temps non lucratives) ?CB : J’en suis convaincue. Qui dit économique dit rentabilité… Et forcement on pense au business model d’une startup qui cherche à se lancer sur un marché. Je pense qu’il faut voir cet exercice comme un outil de prise à la décision qui peut être utilisé à des fins de rentabilité mais surtout à valider une idée qui permet dans un premier temps d’exister.
Il faut tout d’abord rechercher la cohérence entre un modèle qui permet de payer ses charges et un modèle qui permet la rentabilité. Le second pouvant être une résultante du premier.
Dans la culture, l’aspect financier est secondaire pour préserver la diversité. Or ce que l’on oublie souvent, c’est que la réflexion sur le modèle économique permet de pérenniser une activité. Toute activité a des charges qu’il faut assumer, donc face à la baisse des subventions par exemple, il faut trouver un moyen de continuer à exister.

« Remettre en question régulièrement les choix et décisions pris »

C.I : Quand faut-il changer de modèle économique ? Un temps de crise est-il le moment opportun ?
CB :
Le mieux est d’anticiper mais ce n’est pas toujours possible (on le vois bien avec ce qu’il se passe en ce moment). L’agilité est le mot d’ordre : chaque organisation se doit être flexible. Le marketing est basée sur la remise en question régulière des choix et des décisions pris. On le voit bien avec des entreprises qui n’ont pas su se remettre en question au bon moment. Souvent on change lorsqu‘on est au pied du mur. Donc la crise peut être une opportunité intéressante : on n’a plus d’autre choix que de sortir de sa zone de confort. Tout est une question de point de vue, il est plus intéressant de s’inspirer de situations que de les subir.

C.I : Est-ce-le numérique change la donne ? Et amène-t-il des nouvelles manières de penser ?
CB :
Etant dans une démarche « usercentric » ou tournée vers le public et les clients, la réponse est claire : il faut s’adapter et utiliser les nouveaux outils. Le tout est de ne pas perdre de vue sa mission et ses objectifs. Pour le reste ce ne sont que des moyens. Encore une fois, le numérique apporte des opportunités intéressantes, encore faut-il les utiliser pour desservir une cause. De nouveaux modèles apparaissent, on parle beaucoup de modèles freemium par exemple car, dans l’imaginaire collectif, Internet c’est gratuit. Le modèle économique prend encore plus d’importance pour pérenniser ce type d’activité.

*site internet de Madame Marketing 

A lire aussi : Des pistes pour une nouvelle stratégie ? 3/5 changer de modèle ?

Auteur
Je m’appelle Cyril Leclerc. Je propose, en tant qu’indépendant, du conseil et de l’accompagnement en communication dans les domaines culturels et artistiques. Diplômé en Histoire de l’Art et en Ingénierie culturelle, je me suis, au fil de mon parcours, spécialisé dans la communication culturelle, jusqu’à en faire mon métier. J’ai notamment été pendant sept années, chargé de la communication culturelle à l’Abbaye aux Dames, la cité musicale (Saintes – France). Je m’intéresse particulièrement à la façon dont on peut mettre les outils marketing au service de projets culturels et comment la communication peut enrichir un projet culturel, lui apporter du sens…

Commentaires (3)

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